Minolotor redonne vie à vos appareils photos argentique préférés
INTERVIEWPHOTOGRAPHIE ARGENTIQUE
Lise Longis
8/17/20255 min read


On a discuté avec Minoltor, réparateur d'appareils photo argentiques Nantais, vous trouverez ses boîtiers dans un labo qui vend des appareils photos comme L'Atelier Argentique, c'est l'occasion de revenir sur son parcours, et sa passion pour les appareils photos Minolta.
Lise Peux-tu te présenter en quelques mots pour les lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?
Minoltor Je m’appelle Julien, j’ai 34 ans et je vis à Nantes. J’ai été prof de musique en collège pendant 10 ans et je me suis reconverti à temps plein dans la réparation en 2024.
Lise D’où vient ton pseudo Minoltor ? Une déclaration d’amour à la marque ou un simple clin d’œil ?
Minoltor Ça n’est pas moi qui ai trouvé le nom, c’est un ami, mais je me suis retrouvé dedans. C’est une référence à la marque que j’affectionne le plus et par laquelle j’ai commencé la pratique de la photo et de la réparation. Il y a un peu d’autodérision à travers ce nom qui évoque presque un super héros, alors que je manipule des choses parfois ridiculement petites. On peut aussi y voir la référence au Minotaure, qui est le seul à connaître le chemin de la sortie, par analogie à la panne.


Lise Qu’est-ce qui t’a fait basculer dans la photo argentique ?
Minoltor Il y a presque 10 ans j’ai un ami qui a ressorti l’appareil de ses parents et il a commencé à plonger dedans, et acheter d’autres appareils par curiosité et intérêt. A force de le voir avec ses boîtiers, ça a fini par infusé et un jour à un vide grenier j’ai acheté mon premier reflex.
Lise Minolta est visiblement au centre de ta pratique. Pourquoi cette marque en particulier ?
Minoltor C’est le premier appareil que j’ai acheté. J’en ai trouvé un deuxième à un vide grenier, je me suis dit que ça serait sympa d’avoir toute la série et je me suis retrouvé avec 70 boîtiers (J’ai bien réduit depuis). Dans les lots que je récupérerais il y avait régulièrement des appareils qui ne fonctionnaient pas, alors j’ai commencé par acheter quelques outils et tenter mes premières réparations. J’ai intégré des groupes Facebook autour de la réparation, appris à lire les manuels techniques et continué à expérimenter, tout ça sur des Minolta. C’est donc devenu la marque avec laquelle j’ai le plus d’affinités et de connaissances, en gardant en tête que j’ai encore beaucoup d’expérience à acquérir, mais c’est ce qui est stimulant. L’avantage de Minolta est aussi le coût réduit du matériel de manière général comparé à d’autres marques, alors qu’on peut obtenir de très chouettes résultats


Lise Comment tu perçois la scène argentique actuelle ? Un effet de mode ou un retour durable ?
Minoltor J’ai peu de recul, je n’ai pas mis le nez dedans depuis très longtemps, mais je vois à travers ma clientèle des profils me laissant penser que ça peut être pérenne. Certaines personnes qui n’ont jamais arrêté la pratique et d’autres plus jeunes qui récupèrent les appareils des grands parents ou des parents et qui ont la volonté de perpétuer ce médium et surtout ces machines qui ont parfois presque un demi siècle (pour les modèles dont je m’occupe). Et je trouve que la numérisation des photos permet à l’argentique de très bien s’intégrer à notre monde numérique, même si elle prend un chemin opposé à la pratique traditionnelle du tirage. C’est peut-être une des raisons qui lui a permis de dépasser le stade d’effet de mode. J’ai l’impression qu’il y a une solide communauté qui s’est formée par le biais des réseaux sociaux. Peut-être que ces personnes pratiquaient déjà, mais elle est devenu beaucoup plus visible de mon point de vue.
Lise Comment t’es venu cet intérêt pour la réparation ?
Minoltor Comme je l’ai évoqué avant, dans les lots d’appareils que j’achetais pour étoffer ma collection, il y avait pas mal d’appareils pour pièces. J’en étais à un point où la collection me coûtait pas mal de sous et j’avais en tête de revendre les doublons pour amortir les dépenses. Ça a commencé par systématiquement remplacer les mousses d’étanchéité avant de les revendre. Je me suis ensuite acheté un kit de tournevis et un fer à souder pour tenter des réparations avec les appareils non fonctionnels. Souvent des séries X de chez Minolta.
Lise Tu as appris en autodidacte ou tu as été formé ?
Minoltor En autodidacte, c’est vraiment très rare de tomber sur une personne encore dans le métier et disposée à former quelqu’un. Il y a des groupes Facebook d’entraide pour les gens désireux d’apprendre. Il existe aussi un site qui rassemble un très grand nombre de manuels de réparation, chose indispensable pour une majorité de boîtiers. Ensuite j’ai beaucoup pratiqué et surtout j’ai choisi les boîtiers sur lesquels je voulais travailler. C’est compliqué de se former sur tout. Acquérir de l’expérience sur certains boîtiers pour être assez confiant pour accepter de les prendre en charge prend beaucoup de temps.
Lise Quels sont tes outils de base pour entretenir un boîtier (et est-ce que tu aurais un conseil simple à donner à un.e débutant.e qui veut prendre soin de son boîtier)
Minoltor De bons tournevis (JIS pour les cruciformes), de bonnes pinces de précision, un bon fer à souder.
Ceci dit, si on veut bien faire les choses, ça ne peut pas aller sans les connaissances techniques des boîtiers auxquels on veut toucher. Avec de bons outils on saura les démonter, mais sans un minimum de connaissance, ça n’ira pas plus loin.
Et l’outil ultime est le testeur d’obturateur. Il permet de mesurer la vitesse des rideaux de l’obturateur (choses indispensables quand on veut que l’exposition d’une photo soit égale d’un côté à l’autre), les vitesses d’obturation et la cellule.


Lise Est-ce qu’il y a un appareil que tu rêves de réparer un jour, mais qui te semble hors de portée pour le moment ?
Minoltor Pas particulièrement, en tout cas je ne parlerais pas de rêve. J’aimerais bien pouvoir m’attaquer au TC-1, mais ce n’est pas le genre d’appareil sur lequel on se forme quand il appartient à la clientèle. Quand le mien me lâchera, ça sera l’occasion.
Lise Et pour finir un conseil à donner à quelqu’un qui veut se lancer dans l’argentique aujourd’hui ?
Minoltor De commencer par quelque chose de simple, pas trop cher et réparable et/ou de regarder du côté des appareils révisés et garantis par des pros. Ça évite les déceptions de première pellicule loupée. Lire le manuel de l’appareil, aussi ennuyant que ce soit, ça évite des ennuis ; j’ai souvent eu des client•es venant pour un souci qui n’en était pas un et une lecture du manuel leurs aurait évité d’être inquiété•e.
"Je me suis dit que ça serait sympa d’avoir toute la série et je me suis retrouvé avec 70 boîtiers ! "
Minoltor
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